Pourquoi un « Circuit des écrivains picards » ?
Les Hauts-de-France possèdent une littérature de langue picarde extrêmement importante à la fois par son histoire, aussi ancienne que celle de la littérature de langue française, que par la masse des écrits disponibles, le nombre de ses auteurs et la vivacité dont elle fait preuve de nos jours. Elle constitue ce qu’Henriette Walter, célèbre linguiste a appelé, « l’exception picarde ».
Ce patrimoine littéraire original est de qualité. Jacques Darras et Pierre Ivart l’ont largement démontré dans l’ouvrage « La forêt invisible », anthologie de la littérature de langue picarde, publié par la Maison de la Culture d’Amiens. D’ailleurs, cette littérature est aujourd’hui enseignée dans les Universités de Picardie-Jules Verne et de Lille 3-Charles de Gaulle.
Elle ne reste pourtant et malheureusement connue que d’un nombre restreint de spécialistes et échappe en grande partie au grand public puisque les outils de diffusion qui lui permettraient de sortir de cet anonymat n’existent que pas, ou alors très peu.
L’Agence Régionale du Patrimoine, de la Langue et de la Culture de Picardie avait réalisé en 2002, une étude sur les « Maisons d’écrivains » et le patrimoine littéraire de la région Picardie. Ce travail avait fait ressortir un nombre important d’écrivains utilisant la langue picarde dans leurs œuvres mais avait recensé peu de bâtiments ayant hébergé ces auteurs. En effet, à contrario des écrivains de langue française qui étaient souvent des notables possédant par héritage familial un patrimoine bâti important, ou qui ont su attirer l’attention des institutions pour préserver leurs lieux de vie et de création, il ne reste que peu d’éléments du patrimoine bâti pour les écrivains de langue picarde. Ces auteurs étant pour la plupart d’origine populaire et modeste, et leurs écrits ayant, sauf exception, connu qu’une reconnaissance limitée par les institutions et pouvoirs publics de leur époque, les maisons dans lesquelles ils ont vécu, ont bien souvent disparu du paysage local.
Néanmoins certains de leurs lieux de vie existent toujours. Il s’agit parfois d’une maison, qui a changé de propriétaire ou qui a été modifiée, mais aussi de paysages, d’ambiances évoquées dans les textes, de monuments (églises, mairies, statues…), de cours d’eau, de bois et forêts, de champs…
La mise en place de « circuits » d’écrivains de langue picarde, en partenariat avec les collectivités locales concernées et intéressées, apparaît comme un moyen de diffusion et de valorisation de cette littérature et des lieux de vie de ses auteurs.
Lancement de la 1ère phase à Vraignes-en-Vermandois
Pour la mise en œuvre de cette première phase du projet de circuit, le choix de l’Agence régionale de la langue picarde s’est porté sur le Vermandois pour plusieurs raisons :
– ce territoire s’étend sur 2 départements de la région Hauts-de-France : la Somme et l’Aisne ; cela permet de mettre l’accent sur l’aspect régional de la langue et de la littérature picardes
– il possède plusieurs auteurs majeurs, notamment Hector Crinon, Raymond Beaucourt, Gustave Devraine et Pierre-Louis Gosseu, dont les œuvres sont facilement disponibles, connues et, correctement éditées (sauf pour R. Beaucourt) et rééditées
– la possibilité de s’appuyer sur un réseau de partenaires locaux constitué de : la commune de Vraignes-en-Vermandois (d’où sont originaires Raymond Beaucourt et Hector Crinon), d’acteurs locaux possédant des textes et des archives, du regroupement scolaire de Roisel dont les enseignants portent un intérêt pour la découverte de la langue picarde et des auteurs picards locaux.
Pour en savoir plus : https://languepicarde.net/EditionQC/index.php/2019/05/22/inauguration-du-circuit-des-ecrivains-picards-du-vermandois-2019-vraignes-en-vermandois/